À Villevieille, La Canopée s’impose discrètement, jouant la carte de la modernité sans jamais se départir d’une élégance mesurée. Dès l’entrée, l’œil est attiré par l’architecture limpide : volumes ouverts, bois blond mêlé au métal brossé, lignes épurées, lumière naturelle filtrée par d’immenses baies vitrées qui laissent entrer des touches de verdure. Ici, chaque détail du décor signale une volonté de connexion avec le dehors, créant une parenthèse apaisée où l’agitation s’efface.
En cuisine, Thibaut Laffon s’affranchit des codes régionaux attendus pour proposer une lecture personnelle du terroir, tournée vers le végétal et fraîcheur. Sa philosophie, ancrée dans l’équilibre entre respect du produit et jeu subtil sur les textures, s’incarne dans des assiettes précises, parfois surprenantes par l’association d’herbes sauvages, d’acidités vives et d’amertume maîtrisée. Un cromesquis fondant laisse place à une déclinaison de betterave escortée de touches d’agrume, où la palette locale est réinterprétée en échos raffinés. La volaille, quand elle apparaît, raconte une histoire à part entière, sublimée par un jus resserré ou l’élan discret d’une épice venue d’ailleurs, sans que jamais l’authenticité du goût ne soit perdue.
Rien n’est laissé au hasard dans la mise en scène ; chaque assiette se révèle comme une composition éphémère – toucher de mousse vaporeuse, éclat de couleur, équilibre net entre le cru et le cuit. Le tempo du lieu reste calme, favorisant l’attention à ce qui se joue dans l’assiette : une cuisine qui refuse l’esbroufe, où la créativité s’exprime dans la justesse des gestes et la pudeur du décor. Une halte pour ceux qui cherchent une interprétation moderne, réfléchie, du lien entre nature et création culinaire, à l’écart des modes tapageuses.