Les Berlingots ©Alexandre-Bienfait
Justement, n'est-ce pas un peu compliqué pour un jeune chef de trouver son identité quand il reçoit autant de ses aînés ?
Comme je suis une cheffe autodidacte, j'ai toujours eu une grande liberté d'action tout en ayant conscience que j'étais très contrainte par mon peu d'expérience. Donc je ne connais pas réellement cette influence extérieure. Mais pour la jeune génération, je pense que le plus important est de rester soi-même. Il y a vingt ans, on faisait le tour des maisons puis on s'installait, et la cuisine proposée reflétait ces différentes expériences. C'est toujours le cas aujourd'hui, on commence par quelque chose avec lequel on est à l'aise, mais au fil du temps on s'en détache et on devient soi-même ! Il est quasiment impossible de savoir d'emblée qui on est en cuisine. Il faut rester ouvert pour ensuite sélectionner ce que l'on souhaite conserver. Il faut cultiver ses intuitions. La chance que les jeunes chefs ont aujourd'hui, c'est que l'image de la cuisine a beaucoup évolué ces dernières années. Grâce aux concours et à la médiatisation de la cuisine, elle passe parfois de l'artisanat à l'art et c'est vraiment une bonne chose pour eux !
Vous êtes aujourd'hui la mentor d'Alexandre Alves Pereira pour la suite du S.Pellegrino Young Chef. Comment comptez-vous travailler avec lui dans les mois à venir ?
Tout n'est pas encore fixé mais les entraînements se dérouleront chez moi, à Valence. Nous avons une cuisine dédiée aux essais... C'est un endroit propice à la création ! C'est un lieu serein et bienveillant. Je suis déjà le mentor de tous mes chefs donc c'est un exercice que je connais bien. Mais pratiquer cela avec une personne extérieure, c'est une nouvelle aventure pour moi ! C'est chouette !